Allemagne – Un forum européen d’échanges politiques

Par le Professeur Norbert Lammert, Président de la Diète fédérale (Bundestag)

La Conférence des Présidents de Parlements de l’UE fournit depuis dix ans une contribution importante à la conception commune du rôle des Parlements nationaux dans le processus d’unification européenne. Au cours de cette histoire à succès qu’est celle de la construction européenne, les États membres ont confié de plus en plus de compétences à la Communauté, comme nous l’avons tous souhaité expressément. L’exercice de ces compétences nécessite cependant la participation et le contrôle parlementaires, au niveau européen et au niveau national. Il est donc nécessaire, et c’est la préoccupation commune des Parlements nationaux, d’entretenir l’échange d’opinions entre nous et d’intensifier la collaboration interparlementaire. Cela sera encore plus vrai lorsque, avec l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, les compétences et les droits d’information et de participation des Parlements dans le travail législatif européen seront sensiblement élargis et améliorés. Et comme l’a montré la Conférence de Paris, au-delà des problèmes et des tâches du présent, le regard se porte déjà sur l’Europe de l’an 2030, avec les défis qui attendent les Parlements nationaux.

Outre l’échange d’informations et d’expériences, la réflexion sur des questions fondamentales et la discussion de thèmes spécifiques, ces conférences offrent surtout la possibilité d’établir et d’approfondir les contacts personnels entre Présidents et Parlements, ainsi que de mener des entretiens bilatéraux qui seraient sinon impossibles ou nécessiteraient l’organisation de rencontres supplémentaires. Je ressens la nécessité de forums d’échanges politiques, de ces rencontres régulières entre Présidents de Parlements, comme tout aussi importante que le débat formel sur les sujets portés à l’ordre du jour de chaque conférence. À Paris, par exemple, les bons rapports personnels que mon homologue polonais, M. Bronislaw Komorowski, Président de la Diète, et moi-même entretenons ont permis d’aborder, dans un climat non protocolaire et de confiance réciproque, les sujets d’actualité, qui sont matière à controverse entre nos deux pays — nouvelle preuve que, grâce à une étroite collaboration, les relations parlementaires germano-polonaises apparaissent depuis longtemps comme un facteur de stabilisation de la relation entre les deux États. Suivant le modèle de l’alliance amicale entre le Bundestag allemand et l’Assemblée nationale française, les contacts avec notre grand voisin à l’Est se font de plus en plus intenses d’année en année. Dans l’Union européenne élargie, le rapport germano-polonais revêt un rôle-clé, semblable à ce que sont les relations franco-allemandes depuis le début de l’intégration européenne. L’importance exceptionnelle de l’amitié franco-allemande pour le processus d’intégration européen est depuis longtemps reconnue de tous, et certains pays voisins en ont fait une référence pour le développement de leurs relations bilatérales. C’est la raison pour laquelle je me félicite tout particulièrement que, par-delà la Conférence des Présidents des Parlements, le dialogue personnel intense que mènent les membres du Bureau du Bundestag avec leurs collègues de la Diète polonaise et de l’Assemblée nationale française soit unifié à partir de 2010 dans le cadre du « Triangle de Weimar des Parlements » et, ce faisant, se fasse encore plus approfondi.