« Une vision d’un monde
sans armes nucléaires »

Quel est l’état actuel des relations entre le Kazakhstan et la France ?

La France est notre partenaire stratégique. Elle a été le premier pays européen avec lequel nous avons conclu un accord de partenariat. Elle a donné au Kazakhstan des garanties de sécurité à la suite de notre abandon volontaire des armes nucléaires. La France est aussi le quatrième partenaire commercial du Kazakhstan. Pour citer un exemple, durant le premier trimestre 2010, les échanges entre nos deux pays se sont élevés à 1,27 milliards de dollars, ce qui représente une augmentation de 81% par rapport à la même période de l’année précédente !

Les investissements français dans notre économie dépassent 5,6 milliards de dollars, tandis que le Kazakhstan a investi 2,7 milliards de dollars en France.

Aujourd’hui, le niveau de confiance entre nos deux États est très élevé et la coopération couvre un large éventail de domaines.

À cet égard, avec le Président français, nous avons décidé d’établir une Commission présidentielle « Nazarbayev — Sarkozy ». Elle devrait devenir un mécanisme permanent pour le dialogue politique et l’échange de points de vue sur diverses questions…

Quel est l’état de vos relations avec l’Union Européenne ? Comment vont-elles se développer après le lancement de l’Union Douanière ?

Vous savez, le Kazakhstan a commencé il y a longtemps son « chemin vers l’Europe ». En 2008, nous avons confirmé cette tendance avec un document officiel du même nom.

Plus de 40% de nos échanges internationaux se font avec l’Union Européenne, un montant plus important que celui de nos échanges avec la Russie et la Chine. Et nous sommes le troisième plus grand fournisseur hors OPEP de ressources énergétiques vers l’Europe.

Nous améliorons actuellement les conditions permettant d’élargir la coopération dans les secteurs secondaires et tertiaires. Le Kazakhstan est désireux de bâtir une économie innovatrice fondée sur la connaissance et les technologies de pointe et souhaite donc apprendre des expériences européennes. Le Kazakhstan a longtemps disposé du climat économique le plus favorable des membres de la Communauté des États indépendants. Je crois que depuis notre adhésion à l’Union Douanière, notre attractivité pour les investissements a augmenté de manière significative. Un potentiel investisseur a accès dans notre pays à un vaste marché de 170 millions de clients et à un PIB cumulé d’environ 2 000 milliards de dollars. C’est le potentiel combiné des trois pays de l’Union Douanière.

Dans un avenir proche, nous allons façonner un espace économique unique sur les bases de l’Union Douanière. Aujourd’hui, alors que nous ne sommes qu’au début de notre projet, je prie instamment les entrepreneurs européens d’encourager la création de nouvelles entreprises au Kazakhstan, car cela leur permettra de prendre position sur les créneaux libres qui existent encore ici, alors que la demande sur notre marché en forte croissance ne cesse d’augmenter.

Êtes-vous favorable au durcissement des sanctions internationales contre l’Iran ?

Savez-vous quel est le principal problème des armes nucléaires ? Vous ne pouvez jamais viser correctement, parce que la cible ne peut être que vous-même. Un de mes premiers décrets présidentiels fut de fermer le site d’essais nucléaires de Semipalatinsk. Je l’ai signé un 29 août et l’année dernière l’ONU a désigné ce jour comme « la Journée internationale contre les Essais Nucléaires ». Nous nous sommes aussi complètement débarrassés des stocks d’armes de destruction massive hérités de l’Union soviétique.

Les premières étapes de notre État indépendant ont été de nature purement pacifique. Elles donnent le ton de toute notre politique étrangère. À l’initiative du Kazakhstan, l’Asie centrale est devenue une zone exempte d’armes nucléaires.

J’essaie de transmettre ma vision d’un monde sans armes nucléaires à nos partenaires. C’est pourquoi j’ai toujours exhorté les dirigeants iraniens à être plus transparents avec l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique. Toute nation a le droit de développer une énergie nucléaire pacifique, mais cela doit être fait sous la supervision des autorités internationales compétentes.

L’Iran devrait exploiter plus activement les plates-formes de dialogue disponibles pour parvenir à un accord avec la communauté internationale afin de résoudre la situation actuelle d’une manière exclusivement pacifique.

Il faut reconnaître qu’un certain progrès a été accompli dans cette affaire. En mai 2010, l’Iran, la Turquie et le

Brésil ont signé un accord sur l’échange d’uranium. Je crois que cet accord est d’une grande importance pour la résolution du problème du nucléaire iranien.

Nous espérons que le document signé permettra aux participants du processus de négociation de parvenir à une solution mutuellement recevable.

En 2015, le Kazakhstan prévoit d’entrer dans le top dix des producteurs de pétrole brut au niveau mondial…

On dit que la combustion du pétrole revient à alimenter un four avec des billets de banque. Le pétrole est notre atout stratégique, qui est à la base du taux élevé de notre développement économique.

Cependant, nous avons réussi à neutraliser l’effet d’amortissement que provoquaient les recettes pétrolières sur d’autres secteurs de l’industrie. Nous avons créé le Fonds National du Pétrole qui accumule tous les pétrodollars. Seule une partie clairement désignée de cet argent va à un budget annuel de l’État. Nous utilisons ces fonds pour financer l’expansion de l’infrastructure, la protection sociale et d’autres programmes. Je tiens à souligner que nous avons utilisé environ 10 milliards de dollars provenant du Fonds National du Pétrole pour financer notre programme de redressement anti-crise.

Aujourd’hui, le Kazakhstan poursuit un ambitieux programme d’industrialisation accélérée et de développement de l’innovation pour les années 2010-2014. Il vise à moderniser les branches clés de l’industrie et de l’agriculture. En vertu de ce programme, nous terminerons cette année 144 projets qui demandent 854 milliards de tenge d’investissement (environ 6 milliards de dollars), mais nous créerons environ 20 000 nouveaux emplois. En cinq ans, nous nous attendons à augmenter la part des exportations des secteurs secondaire et tertiaire de 10 à 40%. La productivité du travail dans l’agriculture sera doublée. L’intensité énergétique du PIB diminuera de 10 %. La diversification de notre économie est une priorité absolue pour nous.

Le Kazakhstan a déjà réussi à atteindre l’un des Objectifs du Développement pour le Millénaire, à savoir doubler la baisse du niveau de la pauvreté d’ici à 2015 ?

Grâce à un programme d’action prudente et à la diligence de la population du Kazakhstan, nous avons atteint cet objectif. La réduction de la pauvreté et le développement économique sont interdépendants. C’est en effet grâce à une croissance économique soutenue que le Kazakhstan a réussi à élargir ses programmes d’aide sociale.

De 2000 à 2009, la part des dépenses de protection sociale dans le budget de l’État représentait en moyenne 45 % du total, ce qui est un chiffre honorable pour n’importe quelle nation.

Continuer à améliorer le bien-être des citoyens est l’une des tâches essentielles de notre Gouvernement. Nous avons toutes les ressources nécessaires pour résoudre ce problème. Et la principale ressource, c’est l’assiduité de la population du Kazakhstan.