Un immense parcours reste à accomplir !

La Journée mondiale des Droits de l’Homme coïncide en 2008 avec le 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Sans elle, rien n’eut été possible et elle a été un des premiers actes forts des Nations Unies.

La Déclaration a engendré la plupart des instruments internationaux de protection des Droits de l’Homme et la Convention européenne des Droits de l’Homme, signée dès 1950, se situe dans son prolongement direct.

Les trois Cours régionales (africaine, européenne, interaméricaine) viennent d’ailleurs de tenir au Palais des Droits de l’Homme, les 8 et 9 décembre, un grand colloque qui a permis de comparer les jurisprudences et les pratiques de ces systèmes.

Depuis bientôt cinquante ans, la Cour de Strasbourg applique et interprète la Convention et elle est fière d’avoir rendu plus de 10 000 arrêts qui ont force obligatoire et traduisent en termes concrets et exécutoires les principaux principes solennellement énoncés dans la Déclaration.

Notre Cour a tracé les grandes lignes du droit au procès équitable, du droit au respect de la vie privée, de la liberté de la presse, de l’intégrité de la personne, etc.

Plus récemment, elle est intervenue dans des domaines nouveaux, tels que, par exemple, l’éducation, l’environnement ou la bioéthique.

Elle a affirmé sa jurisprudence en matière de protection des droits des étrangers, y compris dans le contexte de la lutte (certes légitime et indispensable) contre le terrorisme.

Elle a également abordé de nouveaux problèmes de sociétés, par exemple dans le domaine sexuel.

La Cour a dû tenir compte de l’évolution de nos sociétés et de l’apparition de nouvelles problématiques et de nouvelles technologies. La diversité des cas traités et le nombre toujours plus important de requêtes montrent que de plus en plus, les justiciables se tournent vers la Cour et lui font confiance, ce qui augmente sensiblement sa charge de travail.

Les célébrations – aujourd’hui le 60ème anniversaire de la Déclaration universelle, l’année prochaine, les cinquante ans de notre Cour – ne doivent pas seulement être tournées vers le passé : il faut aussi penser à l’avenir à plus long terme du système européen de protection des Droits de l’Homme. Il faut lui donner un nouveau souffle.

La Journée mondiale des Droits de l’Homme doit de même se féliciter du passé et se tourner vers le futur. Depuis soixante ans, les Nations Unies et les organisations régionales, comme le Conseil de l’Europe, ont fait progresser l’Humanité sur le chemin de la justice et de la liberté. Mais un immense parcours reste à accomplir. Unifions nos forces en ce sens !

JEAN-PAUL COSTA
Président de la Cour Européenne
des Droits de l’Homme
Conseiller d’État (h)