Assemblée parlementaire de l’OTAN : au coeur de la diplomatie parlementaire

Par Jean-Marc Ayrault, Ancien Premier Ministre, Député de Loire-Atlantique.

Il y a eu d’immenses avancées dans la construction européenne et les acquis sont considérables, mais nous sommes à un moment crucial, où il nous faut décider du chemin à poursuivre, alors que l’Europe connaît. une véritable crise de confiance.

Lorsque l’on se place à l’échelle du monde, l’Europe est vue comme une construction intelligente, originale et presque inespérée. Après les événements tragiques que notre continent a connus, après deux guerres mondiales, les pays européens se sont engagés dans une démarche unique et ont organisé un modèle original de coopération, mus par la nécessité et l’intelligence politique. C’est ainsi que nous avons pu construire la paix et atteindre un niveau de civilisation parmi les plus élevés au monde, sur les plans économique, culturel, social et des droits de l’Homme.

Aujourd’hui, ces acquis sont en danger et plusieurs sujets d’actualité doivent nous interpeller. Mais je voudrais revenir un instant sur ce qu’il s’est passé il y a 10 ans, lorsque les Français et les Néerlandais ont voté non au projet de Constitution européenne. Ni nous, ni les autres Européens n’avons tiré les leçons de ce vote, et cela explique, pour une large part, la crise de confiance et la crise politique qui existent aujourd’hui en Europe. Il existe ainsi plusieurs enjeux internes que l’Europe se doit de régler.

Quelques mots sur le référendum britannique. Nous allons voir ce que le gouvernement veut négocier avec l’Europe. Bien sûr, nous avons des lignes rouges. Mais ce référendum pourrait être une opportunité pour l’Union européenne.

D’abord, pour clarifier le fonctionnement de l’Union européenne, autour d’un principe de subsidiarité enfin appliqué, permettant à l’Union d’agir là où les citoyens l’attendent. Ensuite, pour avancer vers une intégration plus poussée de la zone euro. Le Président français et la Chancelière allemande ont fait des propositions en ce sens au Président de la Commission.

Si l’on parle de l’avenir de la zone euro, il nous faut aussi évoquer la difficile situation de la Grèce. Les contacts ont été nombreux entre François Hollande, Angela Merkel et le Premier ministre grec. Je souhaite que les négociations aboutissent et qu’une solution puisse être trouvée pour que la Grèce reste membre de la zone euro : personne ne sait quelles seraient les conséquences d’un « Grexit », tant pour le peuple grec que pour l’Union européenne.

L’Union européenne doit également faire face aux conséquences des crises à l’extérieur de ses frontières. La question de la paix sur le continent se pose de nouveau, avec les événements en Ukraine et la remise en cause par la force, pour la première fois depuis la guerre, des frontières en Europe. Cette crise ukrainienne n’est toujours pas résolue, même s’il y a eu des initiatives importantes portées par le couple franco-allemand, qu’il faut saluer.

Nous sommes aussi face à des risques majeurs liés à la crise au Moyen-Orient, au développement du terrorisme, et aux conséquences de l’immigration. Sur ce sujet, je voudrais terminer en saluant l’initiative de la Commission Juncker sur la question des migrations. Ces dix dernières années, son rôle avait été affaibli, au profit de l’intergouvernemental. Il y a aujourd’hui une vision plus politique et la Commission est dans son rôle lorsqu’elle fait ces propositions. Cette question des migrations est devant nous. Nous devons sortir des égoïsmes nationaux pour la traiter ensemble. Nous ne pouvons pas rester indifférents à l’urgence.