RELANCER LE DÉBAT EUROPÉEN

L’Europe, en cette fin d’année 2021 et à la veille d’une élection présidentielle, ne fait plus l’objet de grands débats en France. Plus aucune force politique, même l’extrême-droite, ne demande à sortir de l’Union, ni même de l’Euro. Rares sont les prétendants qui proposent de réviser les Traités ou inventent je ne sais quel plan B.

Quant aux propositions sur la fin de l’orthodoxie budgétaire ou la dénonciation de l’austérité dont l’Europe serait l’instrument, elles tombent à plat quand les règles du Traité budgétaire européen sont, à ce point, transgressées, que les déficits publics explosent et que la dette, elle même, n’est plus un critère qui justifierait de la part de la Commission la mise en oeuvre d’une politique d’ajustement. Bref, tout laisse penser que l’Europe aurait trouvé une forme d’équilibre entre les impératifs de rigueur et les nécessités de la relance et démontré une souplesse qu’on ne lui connaissait guère. Elle ferait aujourd’hui l’objet d’un consensus salutaire, mais improbable, si l’on songe à l’âpreté des controverses de ces dernières années. Les raisons de cet apaisement sont nombreuses…

D’abord, le Brexit a « vacciné », si je puis dire, beaucoup des hérauts de la souveraineté nationale, moins empressés d’exiger que leur pays puisse, d’une façon ou d’une autre, s’extraire de la mécanique de Bruxelles. Le spectacle donné pendant près de deux ans par le Royaume-Uni pour définir sa relation avec l’Union, les difficultés de circulation de part et d’autre de la Manche, l’imbroglio que connaît notamment l’Irlande du Nord, le rapport difficile que le Premier ministre britannique entretient avec ses voisins, le peu de résultats de cette liberté regagnée sauf, peut-être, en matière de distribution de vaccins. Toute cette complexité ne conduit plus à faire porter à l’Union européenne des responsabilités qui ne lui incombent désormais plus.

La deuxième raison, c’est la crise sanitaire… Certes, l’Europe n’a pas été au meilleur dans la mise en oeuvre de ses procédures : les commandes passées tardivement à des laboratoires qui se sont révélés pour certains défaillants n’ont guère justifié de compliments. Mais aucune famille politique n’a prétendu qu’il fut possible d’agir contre le virus dans un seul pays.
La crise sanitaire a fait bouger l’Europe bien plus vite et bien plus fort que tous les efforts diplomatiques, y compris les miens, engagés pendant des années pour convaincre nos partenaires et notamment l’Allemagne, d’assouplir les critères de Maastricht. Quant au Plan qui a été négocié entre la France et l’Allemagne, puis partagé par l’ensemble de l’Union européenne, il a abouti, pour la première fois, à ce que l’Union européenne puisse emprunter et restituer aux Etats membres des crédits (certes avec des conditionnalités) particulièrement bienvenus dans la perspective de la relance.

Dès lors, vouloir contester l’Europe alors qu’elle distribue autant d’argent devient une tâche impossible, ce qui explique sans doute que même en Italie, les partis qui, hier, étaient les plus sévères à l’égard de l’Union européenne, sont aujourd’hui blottis autour de Mario Draghi dans l’attente des subventions venant de Bruxelles. Le Rassemblement national n’a pas davantage pipé mot par rapport à la capacité de réaction de l’Union européenne.

Autour du Président russe, Vladimir Poutine et de la Chancelière allemande, Angela Merkel, le 6 février 2015…

La Banque centrale européenne, elle-même, est devenue une icône. Déjà, en 2012, elle avait contribué à sauver l’Euro lors de la crise des subprimes, mais aujourd’hui, c’est elle qui distribue des liquidités dont l’abondance contribue à maintenir des taux d’intérêts particulièrement bas, offrent aux Gouvernements une faveur qu’ils n’espéraient plus pour financer leurs déficits. Car aujourd’hui, comment réclamer le retour à une souveraineté monétaire quand cette Institution, si décriée par le passé, fait preuve d’autant de générosité ? Une telle position aurait le mérite de l’audace pour ne pas dire de la témérité, mais en tout cas, personne n’y songe.

Les préoccupations écologiques ont également contribué à relever l’image de l’Union aux yeux des peuples. Car ils comprennent que c’est bien dans ce cadre-là, que les engagements climatiques peuvent être les plus sérieux et les mieux respectés. L’Europe, là aussi, a bougé, en proclamant que la neutralité carbone sera atteinte à l’horizon 2050 et que l’industrie automobile devra faire sa mue pour que ne circule plus aucun véhicule thermique en 2035. Là aussi, qui l’eut imaginé, quand nos amis allemands, hier si réticents à abandonner le diesel ou combien une partie de l’Europe vivait encore avec le charbon au point de contester notre faveur pour le nucléaire ?

Aujourd’hui, les Plans de relance, pour être agréés par les Autorités européennes doivent intégrer une dimension écologique significative avec des investissements dans les renouvelables et l’isolation thermique des bâtiments. La BCE, elle-même, fait de la lutte contre le réchauffement un critère pour acheter les titres sur les marchés et peut, à bon droit, rehausser son prestige auprès des jeunes générations.

Enfin la montée des puissances comme la Russie, la Chine et même les États-Unis, ont fini de convaincre les plus réticents de l’utilité de l’Europe. Elle redevient pour une grande partie des peuples, une force qui par son poids économique est capable de peser sur la scène mondiale. Elle prend conscience qu’elle est davantage qu’un grand marché et qu’elle peut constituer la forme la plus aboutie de la sécurité. Ce retour en grâce de l’Europe devrait rendre heureux l’Européen que je suis. Cette accalmie, après tant de controverses, devrait me rassurer et me convaincre que ces succès témoignent de la réussite communautaire et du caractère inéluctable de l’Union, mais désolé, tel n’est pas le cas. Je ne verse pas dans un pessimisme qui pourrait trahir un dépit ! Je ne suis pas davantage gagné par l’esprit de Cassandre, je suis tout simplement lucide.

Je reconnais, car j’en mesure la portée, que l’Europe a accompli des progrès indéniables ces derniers mois, mais comment pourrait-on passer sous silence des reculs, des abandons et, d’une certaine façon, toutes les formes d’immobilisme qui risquent, si on les laisse s’installer, de condamner l’idée même de la construction européenne.

L’Union souffre d’abord de contradictions profondes, qui continuent, tel un poison, de la miner. Elles ne portent plus sur la politique agricole commune, le montant du budget ou les règles de concurrence ou même les critères d’orthodoxie budgétaire, tout ce qui occupe tant de temps dans les négociations paraît finalement secondaire ou relatif. Non, les divisions portent sur l’essentiel. Sur les valeurs supposées être communes et dont on découvre qu’elles nous séparent. Des pays s’affichent ostensiblement hostiles aux principes même de nos démocraties. La Hongrie établit une législation qui est une honte par rapport à ce qu’une société doit avoir comme respect à l’égard de personnes homosexuelles ou transgenres. La Pologne remet en cause la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice. La Slovénie est dirigée par une personnalité corrompue et condamnée à de la prison pour ce motif et qui, aujourd’hui, préside l’Union européenne. Je pourrais compléter la liste, elle est loin d’être close, puisque des partis extrémistes participent à des coalitions gouvernementales et que d’autres sont loin d’avoir éradiqué la prévarication.

François Hollande et le Premier ministre grec, Antónis Samarás, au Palais de l’Élysée.

Je pourrais me rassurer en ajoutant que la majorité des 27 tient bon et sert les rangs. Malheureusement non, car les divergences se multiplient… Sur les rapports avec la Russie, songeons qu’il n’a même pas été possible d’organiser un Sommet entre les leaders européens et Vladimir Poutine, malgré les intentions affichées du Président français et de la Chancelière allemande. Les Pays baltes et ceux d’Europe du nord n’y ont pas consenti, tant ils estiment, non sans raison, que la Russie constitue une menace pour leur intégrité territoriale, quand d’autres – et pas des moindres – comme l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche, regardent la Russie comme un partenaire économique et commercial particulièrement fréquentable. Ainsi, l’Allemagne, malgré les pressions américaines, poursuit obstinément les travaux pour la réalisation du gazoduc Nord Stream 2, qui offrira à l’opérateur Gazprom une position particulièrement avantageuse en Europe, quel qu’en soit le prix politique et quelles que soient les conséquences, défavorables pour l’Ukraine.

La Turquie concentre sur elle des enjeux quelque peu comparables. L’Allemagne pratique avec elle une diplomatie de l’accommodement dans l’espoir d’amadouer Erdogan sur la question des réfugiés et de ne pas créer de tensions au sein de la communauté turque, quand la France ne comprend plus cette indulgence et remet en cause la présence même de ce pays au sein de l’OTAN. Les rapports avec la Chine sont également sources de multiples dissonances. Les pays qui dégagent des excédents dans leurs échanges avec cette immense économie tiennent dur comme fer à l’accord sur les investissements signés par Bruxelles au nom de l’Union avec Pékin, alors même que le Parlement européen l’a rejeté en raison des atteintes répétées par la Chine en matière de droits de l’Homme et du sort indigne réservé aux Ouïgours ; quand d’autres, encore, militent pour que l’Europe se range derrière les États-Unis pour faire pression sur la Chine dans l’espoir qu’elle respecte enfin ses engagements et qu’elle se soumette au droit international. Ce qui vaut aussi bien pour son attitude à l’égard de Hong Kong que pour sa présence militaire en mer de Chine. La relation transatlantique sépare également notre Continent. La plupart des Dirigeants européens, à l’exception de ceux qui s’étaient accommodés de Donald Trump, voire en avaient fait leur modèle, ont salué son départ. Or, le retour bienvenu et bien inspiré des Etats-Unis sur la scène internationale conduit une nouvelle fois l’Europe à s’interroger sur son autonomie stratégique. Qui pourrait en effet reprocher à l’Amérique de prôner un multilatéralisme offensif ? Mais est-elle nécessairement porteuse de nos propres intérêts ? Avec Biden, la question de la défense de l’Union européenne est devenue pour beaucoup d’États membres moins urgente et la construction d’un outil militaire moins pertinente. Là aussi, la solidarité européenne est davantage en recul qu’en progrès : aussi bien pour les commandes de matériels et d’équipements que pour la forme que devrait revêtir l’OTAN et donc les rapports de l’Europe avec les États-Unis pour les années qui viennent.

Enfin, demeure le sujet institutionnel. Souvenons-nous de ce qu’avait été le tumulte, pour ne pas dire le charivari autour de la ratification du Traité constitutionnel européen : les référendums en France et aux Pays-Bas s’étaient conclus par la victoire du non ; la procédure de ratification parlementaire engagée par Nicolas Sarkozy avait été contestée, tant elle mettait en oeuvre ce que les Français avaient cru refuser. Mais sur le fond, de quoi avait-on débattu ? Était-ce un Traité qui marquait une rupture dans la marche européenne ? En aucun cas ! Car si des critiques pouvaient être émises sur les orientations de l’Union, cette nouvelle donne juridique ne changeait qu’à la marge les règles de sa gouvernance ! Il s’agissait notamment de créer une nouvelle fonction, avec la Présidence du Conseil européen, supposée coordonner les travaux, de favoriser la synthèse des points de vue et d’en finir avec la Présidence tournante de l’Union européenne qui, tous les 6 mois, donnait à un pays la mission de fixer l’agenda de l’Union.

Mais il n’était pas question d’ériger une autorité politique sur le continent et encore moins au-delà. Loin de clarifier le fonctionnement de l’exécutif européen, cette réforme n’avait qu’ajouté à la confusion. Ainsi, récemment, avons-nous pu même assister au spectacle affligeant d’une compétition entre le Président du Conseil européen et celle de la Commission européenne sous les yeux ébahis et ravis du Président turc.

François Hollande s’exprimant après la profanation du cimetière juif de Sarre-Union, en 2015.

De la même façon, l’autre innovation du Traité, le Haut-représentant pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, ne porte aucune voix audible dans le concert des Nations. Elle émet des communiqués, exprime des souhaits, ajoute des regrets, mais ne s’immisce dans aucun conflit international dans la perspective de jouer un rôle de conciliateur ou de médiateur. Donc ce fameux Traité constitutionnel européen, dont il a été laissé penser qu’il pouvait placer la France sous tutelle, alors qu’il ne faisait qu’intégrer les Traités existants, n’a rien changé à la pesanteur, à la lourdeur et à l’invisibilité des Institutions européennes. De même, le Traité budgétaire européen de 2012, dont certains m’ont reproché de l’avoir fait ratifier, après qu’il ait été signé par mon prédécesseur, n’a contraint aucun pays à se soumettre à je ne sais quelles contraintes durant la crise sanitaire et je dois ajouter, sans que nous en tirions gloire et mérite, que la France n’a, durant cette dernière décennie, jamais respecté les règles budgétaires européennes.

Où était donc l’austérité redoutée ? Où était le carcan ? Où était la chape de plomb supposée peser sur nos choix ? En revanche, les défauts inhérents à la construction européenne, eux, ont perduré, car si l’Europe est si lente à décider, c’est parce que ses mécanismes internes l’en empêchent : puisque l’unanimité est requise pour la plupart des grandes décisions et qu’au Conseil européen, aucune conclusion ne peut être tirée valablement si un consensus n’est pas atteint.

Ainsi n’est-il pas possible de modifier les règles fiscales ou d’imposer des sanctions aux pays qui manquent aux principes fondamentaux de l’Europe sans des majorités quasi impossibles à réunir. Le danger c’est, au mieux, le retard, au pire l’immobilisme. Sans le forcing de Biden pour conclure un accord international sur la taxation des grands Groupes, qui peut dire que l’Europe seule aurait pu y parvenir ? Je l’ai vu comme représentant de la France aussi bien sur la question des travailleurs détachés que sur les normes sociales ou, plus douloureusement encore, sur la répartition des réfugiés en 2015.

Car l’Union européenne montre une forme de cécité à l’égard des problèmes qui s’accumulent à ses frontières. Elle a été silencieuse sur le conflit qui a opposé l’Arménie à l’Azerbaïdjan ; elle est molle sur la question ukrainienne. Elle ne réagit que par l’édiction de sanctions de moins en moins crédibles. Si je regarde encore plus loin, elle est sortie du jeu au Proche-Orient, si tant est qu’elle y soit entrée un jour. Sur l’Iran, elle suit bon gré mal gré les Etats-Unis, de peur de voir ses entreprises encourir des sanctions. En Afrique et notamment au Sahel, la France, avec ses alliés, assure l’essentiel, mais pour combien de temps encore ? En Asie, elle fait des affaires, mais pas de politique. En Amérique latine, elle ne pèse d’aucun poids et s’est mise au balcon. J’ai évoqué combien la défense européenne n’avait pas progressé. Il n’y a ni coordination sur les grands équipements militaires (avions de chasse, chars ou tout autre), ni en moyens budgétaires ou en organisation, ni définition d’une conception stratégique commune. L’Europe se préoccupe, à juste raison, du contrôle de ses frontières, alors même que les pays du sud, surtout après la crise sanitaire, vont connaître une paupérisation qui s’ajoutera à toutes les difficultés qu’ils rencontrent. Si j’ajoute les effets du changement climatique, tout laisse penser qu’une nouvelle crise migratoire se prépare, dont l’Europe n’est pas, malgré les expériences récentes, véritablement préparée. Elle n’aura alors le choix qu’entre la fermeture, y compris par des moyens de coercition ou l’accueil dans des conditions qui seront de moins en moins acceptées par les peuples. Négliger l’Afrique aujourd’hui, c’est se perdre demain.

Il serait tentant d’ignorer les tensions qui s’exacerbent au sein de l’Union européenne, de négliger les fractures qui se creusent entre États membres et de poursuivre la marche comme si de rien n’était… Or, j’estime que c’est la cohésion même de notre continent qui est menacée. Voilà pourquoi nous ne pouvons en rester là !

La grande Europe des 27, peut-être demain des 30 si les pays des Balkans finissent par la rejoindre, a vécu en tant que construction politique. Elle ne parvient plus à affronter les problèmes majeurs qui se posent à elle. Certes, elle demeurera un grand marché et la zone euro tiendra bon à travers ses mécanismes de solidarité. Il subsistera toujours une politique commerciale qu’il sera plus facile de mener ensemble qu’isolément, mais pour traiter des grands sujets de la planète, l’Europe restera une fiction. L’idée que les 27 partagent les mêmes objectifs et concourent à la mise en oeuvre d’un même projet doit être rangée dans les tiroirs à illusions. Ma proposition, je la répéterai autant de fois qu’il sera nécessaire, c’est de garder cette grande Europe, sûrement de l’élargir encore, mais de faire en sorte qu’en son sein, soit bâti, non pas un noyau dur, mais une Europe politique, qui décidera, avec quelques pays volontaires, d’aller plus vite et d’agir à l’extérieur avec force et autorité.

Pour provoquer le débat, j’avais parlé d’une « Europe à deux » : la France e t l’Allemagne. Élargissons à 8 ou même à 10, bref à toutes les Nations qui voudront s’engager et se concentrer, y compris par des nouveaux transferts de souveraineté, sur les tâches essentielles, c’est celle-là qu’il faut maintenant imaginer. Nous avons en 2022 une opportunité : l’Allemagne vient de renouveler son Parlement et donc son Gouvernement ; la France choisira son Président avec une nouvelle légitimité pour agir ; en Espagne et en Italie, ainsi qu’en Belgique et au Portugal, nous disposons de partenaires animés par les mêmes intentions. Alors avançons ! Allons d’un pas décidé dans cette direction, car si elle n’était pas prise, ce serait, non seulement, le projet européen qui deviendrait de moins en moins attractif, mais c’est notre continent qui sortirait de l’Histoire… Or, le monde a besoin de l’Europe. Dans le contexte d’une Amérique davantage à l’initiative, des rapports de force nouveaux doivent être exercés à l’égard de puissances qui ne sont ni démocratiques ni sages. Le multilatéralisme a besoin d’une Union qui sache ce qu’elle veut et qui dégage les moyens pour y parvenir. Sur le plan budgétaire sûrement, sur l’innovation et de la recherche aussi, mais surtout sur le plan militaire et diplomatique.

L’Europe reste une espérance. Elle ne peut pas être reléguée, remisée ou réduite. Elle ne peut se satisfaire de la gestion notariale de ses intérêts. Elle ne souffre plus des controverses qui ont tant déchiré les opinions publiques, mais l’apparent apaisement survenu ces dernières années est le signe avant-coureur de son déclin. Je ne m’y résouds pas.

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François Hollande (2021)

François Hollande, Président de la République