« Ne pas faire carrière
est la meilleure façon de réussir … »

PORTRAIT INTIMISTE François Hollande, l’inconnu le plus célèbre de France …

C’est finalement l’inconnu le plus célèbre de France… Un député presque de base, qui, sans jamais être passé par un simple secrétariat d’Etat, a su gravir avec un sens aigu de l’à-propos les marches du pouvoir, alors même qu’il faisait sourire les membres de son propre Parti…

Surnommé « M. Petites Blagues » ou « fraise tagada » par celui qu’il allait désigner ministre des Affaires étrangères (une vraie volupté de nommer l’ancien premier ministre qui le méprisait à un poste qui le fait directement dépendre de lui!) peu de gens savent que François Hollande est pétri de paradoxes et au final bien plus complexe qu’il n’y paraît…

Souvenons-nous: Jacques Chirac, déjà, faisait croire jadis, qu’à part la musique militaire et les livres policiers, le monde de la culture lui était étranger, alors qu’il était au contraire fin connaisseur de l’Extrême Orient et des Arts premiers. Hollande semble s’inscrire lui aussi, dans une certaine continuité qui veut que le maître de l’Elysée ne ressemble que fort peu au portrait que l’on dresse de lui.

Une vie privée aussi tumultueuse que son apparence est placide, une volonté marquée de faire garder à la France son rôle de grande puissance internationale en multipliant les théâtres d’opérations extérieures, plus que son prédécesseur à l’allure martiale l’avait fait, un pragmatisme quasi paysan, hérité de son parachutage corrézien, tout en lui montre qu’il aime à jouer avec les contraires, qu’il a dû si longtemps gérer, il est vrai, comme premier secrétaire du Parti socialiste.

À l’Elysée, chacun semble en avoir pris acte. Les ors et les pourpres de la République, le président « normal » a su fort bien s’en accommoder. Comme tout le monde. Seule Edith Cresson, l’ancien premier ministre de François Mitterrand, avait jugé bon, pour faire plus simple, de masquer les plafonds richement décorés par la pose d’un vélum dans les salons de Matignon. Et puis la pompe républicaine que chaque résident de l’Elysée affecte de mépriser, aide pourtant à créer cette figure de monarque républicain à laquelle les Français sont, finalement, tellement attachés. L’improvisation des premiers temps a laissé place à une volonté de professionnalisme qui s’est affinée, car chacun sait (et désormais lui le premier) que le diable est dans les détails.

Ne suffit-il pas pour s’en convaincre de remarquer les emplacements successifs de son pupitre, lors de ses discours? Exit une position trop centrale, dans la grande salle des fêtes, devant la petite scène, où le général de Gaulle aimait à faire venir les sociétaires de la Comédie française pour jouer des pièces de Musset en un acte. Non, la politique ne doit pas être un spectacle. Fini, aussi, la vision catastrophique d’un emplacement entre deux portes, qui donnait une impression de précipitation. Désormais, on a changé le sens des sièges et l’image que l’on a du président donne davantage d’ampleur au déroulement de sa conférence de presse. Et puis, l’on a pris soin de vérifier que le compte twitter qui apparaissait sur ledit pupitre était désormais le bon!

Aujourd’hui, le président semble apaisé. Il attend les premiers frémissements d’un retournement de conjoncture. Il a pu se réconcilier avec Ségolène Royal, a fait entrer son ex au gouvernement (après tout, Bernadette Chirac était bien conseillère générale lorsque son mari était à l’Elysée!) et songe, le soir, avec un sourire indéfinissable, qu’il a su dépasser, avec talent, tous ceux que l’on considérait plus brillants que lui… Ce fameux second mandat, dont tout le monde parle, le taraude-t-il? Pas tant que cela. Il n’est pas Sarkozy. Et, au final, il ne peut s’empêcher de songer à la phrase d’Armand Fallières, l’un de ses anciens prédécesseurs: « La place est bonne, mais il n’y a pas d’avancement! »

Olivier de Tilière
Président du Comité de l’Europe
pour les études et informations
parlementaires