ÉLECTIONS LÉGISLATIVES EN AZERBAÏDJAN…

Avec plus de 5,3 millions d’électeurs inscrits sur les listes, devant exprimer leurs suffrages dans plus de 5 570 bureaux de vote, 1 637 candidats, dont 300 d’opposition et 21% de femmes, représentant 19 partis pour briguer 125 sièges à l’Assemblée nationale (Milli Majlis), les élections législatives anticipées se sont déroulées en présence de 77 800 observateurs locaux et 861 internationaux, 156 médias.

Le Comité de l’Europe était, à cette occasion représenté par son Président, Olivier de Tilière et sa Secrétaire générale, Pauline Wirth du Verger.

À ces chiffres, confirmés par Le Président de la Commission centrale des élections, Mazahir Panahov et qui constituent une première entrée en matière, il convient, en outre, de tirer un certain nombre d’enseignements de ce scrutin pour la Chambre unique du Parlement de ce pays du Caucase du Sud, de 9 millions d’habitants…

Régulièrement accusé de violations du processus électoral, le Gouvernement a pris plusieurs précautions, inédites, qui se doivent, véritablement, d’être soulignées :

  • Un guide didactique de 28 pages a été largement distribué dans tous les bureaux de vote pour rappeler, en détail, l’ensemble de la procédure légale.

  • Une Commission centrale des élections, formée de 6 membres de la majorité, 6 membres de l’opposition et 6 membres issus des partis indépendants, a été nommée pour 5 ans. Des plaintes peuvent y être déposées, mais aussi transiter, au besoin, par la Cour d’appel, la Cour suprême, voire la Cour européenne.

  • 1000 bureaux de vote étaient équipée de web-cam pour surveiller le bon déroulement du scrutin. Certains suspectant qu’il s’agisse de fausses caméras, nous avons demandé à Mazahir Panahov, en le rencontrant, qu’il nous montre l’application qu’il avait sur son propre smartphone, ce dernier étant peu susceptible de posséder de fausses vidéos pour l’informer sur son propre portable !

  • Des détecteurs manuels ont été systématiquement mis en place pour éviter les doubles votes.

  • Enfin, il a été fait appel à la société Opinion Way pour les sondages de sortie des urnes, cette dernière étant, de fait – à moins d’être sympathisant des théories du complot – peu encline à d’éventuelles manipulations…

Le Président et la Secrétaire générale du Comité entourés des assesseurs d’un bureau de vote, à Bakou et des observateurs internationaux français.

La file des électeurs à Bakou pour les élections législatives.

Concernant l’accès aux médias, n’ayant pas eu de campagne officielle pour cause d’élections anticipées, celle-ci s’est déroulée sur les réseaux sociaux, inmaîtrisables par définition.Il convient également de souligner le libre accès aux bureaux, pour l’ensemble des Délégations. À titre d’exemple, nous avons demandé à notre traducteur de nous emmener dans celui de sa circonscription pour le voir voter, ce à quoi, visiblement, personne ne s’attendait. Notre demande n’a donc posé aucun problème.Nous avons, par ailleurs, souhaité rencontrer l’un des candidats, Président du Parti Indépendant, Tural Ganjoliyev, qui se présentait dans une zone sensible – dans laquelle il a vu sa maison  entièrement détruite – en tant que Député des réfugiés et exilés des provinces occupées. Symbole de la désormais jeune classe politique, il nous a pourtant indiqué ne pas être l’un des soutiens du Président et consacrer son mandat à chercher toutes les solutions pacifiques pour résoudre le problème des territoires contrôlés par l’Arménie et se tient prêt, pour ce faire, à rencontrer ses homologues étrangers. En complément, nous avons également souhaité nous entretenir avec le Président de l’Université Franco-azerbaidjanaise, le Docteur Vazeh Asgarov, sur les relations entre les deux pays et le développement des échanges économiques et culturels qui y sont liés, en soulignant, notamment, la place liée à la francophonie.

D’une manière générale, si des doutes peuvent subsister, ponctuellement, sur des fraudes partielles à tel ou tel endroit ou sur un établissement des listes électorales manquant de sécurisation, il importe, surtout, de remettre les choses en perspective…

En conclusion, rappelons tout d’abord, que cette jeune Nation (qui est un vieux pays !) a pris son indépendance de l’URSS il y a 30 ans à peine, après avoir subi le joug communiste des années durant. Rappelons, aussi, que l’occupation arménienne, bien que reconnue comme illégale par la Communauté internationale, continue de nourrir traumatismes et incompréhension. Rappelons, enfin, que si beaucoup reste à faire, c’est une nouvelle étape, historique, à laquelle nous avons pu assister, où, pas à pas, se met en place, le long chemin de la démocratie… Et si le parti du Président (parti du Nouvel Azerbaïdjan) a remporté, en sortie des urnes, 65 sièges, soit 52% de la Chambre monocamérale, les personnalités politiques locales, nous ont invité à les comparer aux 51,8% de la majorité en France…

Le Président du Comité de l’Europe à la tribune de l’Université Française d’Azerbaïdjan.

Rencontre avec le Président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale, le Député Javanshir Feyziyev, Co-président du Comité de Coopération parlementaire avec les États-Unis.

Le Président de la Commission Centrale des Elections, Mazahir Panahov, avec une des membres (à droite) de la Comission recevant le Président Olivier de Tilière et la Secrétaire générale Pauline Wirth du Verger.

Le Président du Comité de l’Europe répondant à la télévision sur le déroulement des élections parlementaires.